Le Marquis Folco de Baroncelli - Javon - Partie 2
1er novembre 1869 à Aix en Provence – 15 décembre 1943 à Avignon.
Le Marquis Folco de Barocelli- Javon en 1937.
A l’occasion du 70ème anniversaire de la mort de ce grand manadier " Renaissance Saintoise " a souhaité lui rendre hommage par un article retraçant sa vie. Voici la seconde partie de cet article.
Lire la première partie de l'article Le Marquis Folco de Baroncelli - Javon.
FOLCO, SA VIE
- L’année 1904 verra la première fête du costume aux Saintes- Maries de la Mer, Frédéric Mistral associe Baroncelli à la réalisation de la "Festo Vierginenco" au théâtre antique d’Arles. Cette fête a pour but de glorifier le costume des femmes du pays, tombé dans l’abandon.
- Le 24 juin 1904 au mas de l’Amarée, le Marquis et quelques-uns de ses amis fondent le "Coumitat Virginien" qui permet aux gardians à cheval d’accompagner les jeunes filles costumées à cette fête, ainsi qu’à toutes les festivités méridionales, il ressuscite l’antique chevalerie méridionale qui avait combattu pour l’honneur et la gloire du Midi.
Sa rencontre avec Buffalo Bill et les Peaux Rouges
- 1905. C’est un grand évènement dans la vie de Folco de Baroncelli, homme de cheval il multiplie les tentatives pour se mettre en rapport avec les Indiens de Buffalo Bill. Ses plus importantes rencontres se situent en 1905 et 1906, année où le "Buffalo’s Wild West" fait le tour de l’Europe. Joë Hamman rencontré lors de cet évènement à Paris l’aidera dans ses démarches.
Le meilleur ami du Marquis sera un superbe Sioux, "Jacob White Eyes" (Jacob les yeux blancs) avec qui il forgera une amitié intime. Des chefs indiens comme "Sam Lone Béar" et "Iron Tail" assisteront à un triage de taureaux au Cailar puis à une abrivade à Callargues. Le Marquis recevra de la part de "Jacob White Eyes", en signe d’amitié, un beau costume de Chef Rouge, tout en peau, orné de plumes teintes et de perles de couleurs. Il propose aussi les services de ses gardians, qui participent avec les indiens et les cow-boys aux spectacles de Buffalo Bill.
À l’approche de la quarantaine, le visage du marquis a pris la couleur et les rides que peint et creuse un climat rigoureux. Pas encore tout à fait Sioux, mais cela se dessine déjà quand il endosse le costume de son ami Jacob, auréolé de plumes et chaussé de mocassins. Il a presque l’aspect d’un authentique Indien.
Folco de Baroncelli en costume de Chef Sioux.
- En 1907. Dans le Languedoc les vignerons écrasés par une crise qui les ruine se soulève en masse. La révolte des vignerons lui inspire un de ses plus beaux poèmes "Auzor" où il crie son indignation et apporte son soutien aux révoltés.
- Le 11 juillet et le 12 septembre 1907 à Avignon, l’Hôtel de Javon est mis en vente. Le 27 septembre, les crues du Rhône noient une partie de sa manade.
- Le 7 mars 1908 nait sa troisième fille Frédérique, qui deviendra Mme Henri Aubanel le 25 avril 1939.
- En mai 1908, sa rencontre à Arles avec Jeanne de Flandreysy, déjà aperçue quatre ans plus tôt à Valence, le marque à jamais. Il tombe sous le charme de cette belle mais indépendante jeune femme, véritable égérie provençale. Si leur relation amoureuse fut brève, leur amitié dura jusqu’à la mort du marquis.
Les filles du Marquis de Baroncelli en 1919. De gauche à droite Frédérique (Riquette), Nerte et Maguelonne (Lounet).
La Nacioun Gardiano
- 16 septembre 1909, Le Marquis de Baroncelli crée la "Nacioun Gardiano" en remplacement du "Coumitat Virginien", le siège social est aux Saintes- Maries de la Mer. De 1904 à 1919 Jules Grand aura été le premier président du "Coumitat Virginien" puis de la "Nacioun Gardiano".
La Nacioun est là pour : "Maintenir et glorifier les us et les coutumes de la Camargue, poursuivre l’épanouissement de la langue d’Oc et propager la doctrine Félibréenne contenus dans les Ouvres poétiques de Frédéric Mistral et ses disciples".
Leur objectif est de : "Réunir les hommes pour sauver la race, et à terme, le Pays".
Mistral a axé son action sur l'utilisation, la codification et la pérennisation de la langue d'Oc par son œuvre littéraire, ainsi que sur la maintenance des us et des coutumes de ce pays. Baroncelli et ses amis décident de porter leur action sur la "race des Hommes", des taureaux et des chevaux. Ils veulent faire une Nation Camarguaise. Ils reprennent pour cela la pensée de Mistral :
" Une langue, un peuple, un idéal "
La "Nacioun Gardiano" est là aussi pour promouvoir le patrimoine Camarguais, le Folklore et conserver les traditions. Le Marquis impose à tous les gardians le costume (veste de velours noir, pantalon en peau de taupe, chemise à carreaux et grand chapeau) et le cheval de race Camargue.
- En 1914, il rentre au Comité du Muséum Arlatan, musée ethnologique crée en Arles par Frédéric Mistral.
- Appelé sous les drapeaux en février 1915, il est affecté à la gare d’Avignon comme garde-voie.
- Mais dès le 20 juin 1915, il est envoyé au 42ème Territorial de Toul pour propos antimilitarisme (ce qui le rendait passible du conseil de guerre), c’est une mesure disciplinaire. Tout le monde de la Bouvine se mobilise pour aider le Marquis. Jeanne de Flandreysy va remuer ciel et terre et va se rendre sur le front rencontrer le Général dont dépend Folco. Ainsi que Jules Charles-Roux alors très influent à l’époque, d’Arbaud et tous ses amis de Camargue ont réussi à sortir le Marquis de cette mauvaise situation.
Folco de Baroncelli à la caserne Ney à Toul (4ème soldat assis en partant de la gauche).
- En 1916 vers la mi-février, il est affecté à la garde du "Détachement des prisonniers de guerre des salins de Peccais " près d’Aigues- Mortes.
- Le 12 avril 1918, l’hôtel de Javon est acheté par Jeanne de Flandreysy pour la somme de 110 000 F (fournit en partie par son père Etienne Mellier). Le Palais du Roure est sauvé.
Quatre ans après la mort de Mistral, il organise le premier pèlerinage gardian du souvenir sur la tombe du "Mestre" à Maillane. Cette cérémonie perdure de nos jours le 25 mars.
- Le 15 mars 1924 Baroncelli écrit son poème "Lou Biou".
- Le 1er octobre 1931 marque le départ du Marquis de "l’Amarée" pour le mas du "Simbèu", en pleine nuit à minuit et sous une pluie battante.
- Le 17 Novembre 1931 il participe avec Bernard de Montaut Manse et avec la Nacioun Gardiano à la levée des tridents. Grand rassemblement à Beaucaire,
Arles et Nîmes pour la défense des corridas et des
courses.
- 1935. Il se bat avec ses amis Joseph d’Arbaud et Hermann Paul et obtient des autorités religieuses de l’époque une procession le 24 mai en l’honneur de Sainte Sara. La statue est portée sur les épaules des Gitans jusqu’à la mer, entourée par les gardians à cheval et les Provençales.
Jules Véran s’est empressé de faire connaître ce qui est une véritable révolution dans les rites du pèlerinage. Il écrit, dans un article paru dans Candide : "Les gardians de Camargue, Baroncelli et Joseph d’Arbaud à leur tête, faisaient cause commune avec les Gitans. L’archevêque d’Aix, Monseigneur Roques, sollicité, voulut bien fermer les yeux. Pour la première fois, Sara sortit de l’église portée par des Gitans, précédée par les gardians à cheval au soleil couchant".
Folco aime tellement les gitans qu’il ne s’est pas contenté d’insister pour obtenir la procession de Sara.
Il écrit en 1937, un cantique en Provençal pour elle :
"Sainte Sara la brune, ô reine des Gitans, depuis combien de milliers de lunes venons-nous chaque année...Ô fleur de notre race, Sara garde nous là-haut pour camper une place sur le territoire éternel".
- Mars 1936 : Mariage de la première Reine d’Arles, Angèle Vernet. C’est le Marquis qui la conduit à cheval jusqu’au seuil de Saint-Trophime. Ayant mis pied à terre, il l’accompagne ensuite jusqu’à l’autel.
- Le 8 août 1936, décès de la Marquise Henriette de Baroncelli épouse du Marquis.
Fin de la seconde partie.
Auteur : Noël ROQUES
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